L’immigration est au centre des préoccupations des Suisses, nous révèle un sondage réalisé par Sotomo pour la SSR, après les élections fédérales. Elle a représenté le facteur le plus important dans la décision de vote des citoyens. Or, s’il a été beaucoup discuté durant la campagne de ses conséquences et chances pour la Suisse, ses causes comme ses périlleuses réalités pour les migrant∙e∙s ont été quasiment absentes du débat public.

Pourtant, si l’on veut à long terme diminuer les défis liés à la migration, il est nécessaire d’améliorer les conditions de vie dans les pays d’origine des migrant∙e∙s, comme l’affirme la Banque mondiale dans son rapport « Migrants, réfugiés et sociétés » de 2023. En effet, les risques pris par les migrant∙e∙s, en particulier les réfugié∙e∙s, témoignent de l’absence d’alternative à laquelle ils et elles sont confronté∙e∙s dans leur pays d’origine. Depuis 2014, ce sont près de 50 000 personnes qui sont mortes en tentant de rejoindre un lieu plus sûr, dont plus de 2500 en tentant de traverser la mer Méditerranée entre janvier et septembre 2023. Un bilan inacceptable, alors que d’innombrables autres ont été à la merci de la traite d’êtres humains.

Alors que le changement climatique, ainsi que la résurgence de conflits, notamment au Sahel et au Moyen-Orient, font craindre une recrudescence de ces drames dans la prochaine décennie, il est nécessaire d’aborder plus profondément l’action de la Suisse sur les causes de la migration et pour la protection des migrant∙e∙s sur leurs routes ou là où elles s’arrêtent. Car, l’on oublie trop souvent que la vaste majorité des réfugiés vivent dans une douzaine de pays seulement, généralement des pays à revenu faible ou intermédiaire limitrophes des pays d'origine tels que la Jordanie, le Tchad ou le Liban.

Ce 16 ème numéro de Praxis aborde cette question et démontre que la coopération au développement d’ONG suisses, en appuyant des organisations locales, peut et doit jouer un rôle déterminant pour diminuer les migrations et les souffrances qui y sont associées, là où elles ont leurs origines et là où elles se manifestent le plus.

Photo : Eirene Suisse soutient les migrants, les déplacés internes et les rapatriés en Haïti. L’or­ganisation renforces la société civile et œuvre pour la réduction de la vulnérabilité ainsi que la défense des droits humains à la frontière haïtiano­dominicaine. Source : Eirene Suisse