L’appropriation locale face aux exigences des bailleurs
En Suisse, la coopération au développement a compris depuis longtemps que sans appropriation locale, la durabilité de tout projet de développement est fragilisée, voire impossible. C’est pourquoi notamment les organisations membres d’Unité s’engagent en premier lieu pour renforcer les capacités de partenaires locaux, sur la base de leurs besoins propres.

En Suisse, la coopération au développement a compris depuis longtemps que sans appropriation locale, la durabilité de tout projet de développement est fragilisée, voire impossible. C’est pourquoi notamment les organisations membres d’Unité s’engagent en premier lieu pour renforcer les capacités de partenaires locaux, sur la base de leurs besoins propres.
Néanmoins, cette conviction est mise au défi par les exigences des bailleurs de fonds en matière de priorités, qualité, redevabilité ou encore de gestion financière. Des organisations de la base, dans des contextes fragiles et avec peu de ressources, se retrouvent dans l’obligation de mettre en œuvre des concepts, des processus administratifs, des projets et des outils définis à des milliers de kilomètres dans d’autres langues. Un défi quasiment impossible à relever pour beaucoup d’organisations, qui pourtant jouent un rôle clé pour les populations locales et pourraient s’avérer, avec plus de moyens, déterminantes pour éliminer par exemple la faim ou la pauvreté dans une région donnée.
Ces demandes des bailleurs sont pourtant légitimes. Elles visent à s’assurer que les fonds – souvent des contribuables – sont utilisés à bon escient, de manière transparente et ne sont pas détournés à d’autres fins. Sans elles, il serait aujourd’hui impossible de maintenir le financement des programmes de coopération par les parlements nationaux ou, encore plus important, de mobiliser des ressources supplémentaires.
Face à cette apparente contradiction, il s’agit de trouver des solutions pragmatiques qui s’appuient sur les méthodologies, les outils et les pratiques existants au niveau local. Cela passe par une coopération étroite sur le terrain, avec un appui aux organisations locales pour répondre aux exigences, mais aussi en amont, ce qui est encore trop rare aujourd’hui, par l’intégration des voix partenaires du Sud au sein des décisions des bailleurs ou partenaires du Nord. Cela inclut notamment l’implication des organisations et communautés locales tout au long du cycle du projet : de la définition des objectifs aux méthodes d’évaluation, en passant par la mise en œuvre et les processus de redevabilité. Un cadre plus inclusif, flexible et agile est urgemment nécessaire.