Rapport annuel 2024 : Adapter la coopération face aux crises
En 2024, Unité et ses membres ont dépassé leurs cibles initiales dans trois de leurs quatre principaux objectifs pour le Sud global. Dans des environnements de plus en plus complexes, l’association a également promu la capitalisation d’expériences en matière de localisation de la coopération, lutte contre les abus, de mesure d’impact et de complémentarité avec le travail humanitaire, comme celui de promotion de la paix.

2024 a clôturé le programme international de quatre ans d’Unité et ses organisations membres avec des résultats dépassant les cibles fixées en 2019 dans le renforcement des systèmes d’alimentation durables (ODD 2), des systèmes de santé (ODD 3) et dans la promotion de sociétés pacifiques et inclusives (ODD 16). Au total depuis 2021, le soutien à des organisations locales dans ces domaines a permis par exemple à près de 200 000 personnes de s’engager dans une production alimentaire plus durable ou des pratiques agricoles plus résilientes, à près d’un million de personnes d’accéder à des services de santé de qualité et à plus de 100 000 personnes de bénéficier d’une diminution de la violence physique, psychologique et sexuelle. Dans le renforcement des systèmes d’éducation, moins de personnes qu’espérées ont pu être soutenues, notamment suite à la pandémie de Covid-19, mais on comptabilise par exemple près de 10 000 personnes qui ont pu accroître des compétences pertinentes, en vue d’un emploi ou de l’entrepreneuriat.
Un impact dans les contextes qui se dégradent
En 2024, l’efficacité du travail de nos organisations membres a notamment pu être démontré grâce à quatre analyses d’impact effectuées à Cuba, en République démocratique du Congo, au Burkina Faso, ainsi qu’au Bénin et au Togo. Participatives et qualitatives, elles se fondent notamment sur les appréciations des parties prenantes locales et cherchent à identifier des changements durables. Il a pu par exemple être constaté que le Centre Panzi soutenu au Sud-Kivu a connu une évolution remarquable jusqu’à devenir aujourd’hui une institution reconnue et un modèle pour la formation professionnelle et la guérison des traumatismes chez les femmes victimes de violences sexuelles. Au Burkina Faso, six organisations de la société civile ont pu être appuyées dans le développement de leurs capacités organisationnelles et administratives, de leurs compétences méthodologiques et techniques ou encore dans la gestion de projets. Cela a notamment contribué à l’adoption d’une stratégie nationale relative à l’agroécologie par les autorités de ce pays.
Les acteurs locaux, clé d’une coopération efficace
Certaines de ces analyses ont également mises en lumière des contextes où le travail de développement se mélange à l’action humanitaire et à la promotion de la paix. Ce « triple nexus » a fait l’objet d’une étude mandatée par Unité en 2024. Elle a notamment révélé que la plupart des membres d’Unité et leurs partenaires considèrent ces trois dimensions dans leur programme et appliquent une gestion de programme sensible aux conflits dans leur travail quotidien. L’étude propose néanmoins six mesures concrètes pour qu’elles puissent mieux naviguer dans des contextes de plus en plus complexes. Parmi celles-ci figure le renforcement de la localisation de la coopération au développement, c’est à dire la nécessité que ce soient les partenaires locaux qui aient la principale responsabilité de l’encadrement, de la conception et de la mise en œuvre des projets. Cette question a été au cœur de la célébration des 60 ans d’Unité où elle a été abordée de manière critique, lors d’un débat et par le biais d’une exposition de photos qui est revenue sur l’évolution de la coopération par l’échange de personnes depuis la fondation d’Unité en 1964. C’était également le thème phare d’une des deux éditions du magazine Praxis parues l’an dernier. La localisation est une condition essentielle de la durabilité des interventions et est aujourd’hui un élément central des programmes des organisations membres d’Unité.
Renforcement des mécanismes de qualité et de prévention
En outre, Unité a renforcé ses outils de gestion de la qualité en tirant les leçons des quatre dernières années d’analyses d’impact, afin d’améliorer sa méthodologie et en élaborant des directives pour la conduite d’investigations en cas de soupçon d’abus au sein des programmes. La prévention des abus, du harcèlement et de l’exploitation des abus sexuels a fait l’objet de deux échanges entre les points focaux des organisations membres l’an passé. C’est également une des thématiques transversales abordées dans les rapports annuels fournis chaque année par les organisations membres cofinancées par Unité à la commission de garantie de la qualité. Cette dernière les évalue et mène à ce sujet des dialogues bilatéraux avec chaque organisation concernée. Finalement, en 2024 Unité a également poursuivi son engagement actif dans des réseaux d’organisations de coopération internationale, que ce soit la plateforme des ONG, la Volunteer Groups Alliance (VGA) ou le Forum international du volontariat pour le développement. Dans le cadre de son travail politique en Suisse, Unité est toujours membre d’Alliance Sud, de la Plateforme Agenda 2030 et de la coalition pour des multinationales responsables.